Aliénor d'Aquitaine



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-- Association des parents d'élèves de CADAUJAC --

Qui est-elle?

Peu de vies furent aussi remplies que celle d'Aliénor d'Aquitaine.
La duchesse a été successivement reine de France et reine d'Angleterre. Deux de ses fils, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, furent eux-mêmes rois d'Angleterre.

Elle a eu deux filles du roi de France et huit enfants de celui d'Angleterre. Le dernier de ses enfants, le futur Jean sans Terre, est né dans l'année de ses 45 ans  

Petite-fille du troubadour Guillaume IX d'Aquitaine, qui célébrait l'amour courtois et accueillait les poètes à la cour de Poitiers, Aliénor ne faillit pas à la tradition familiale et sa vie durant, entretient autour d'elle une cour de poètes.

Aliénor à la croisade

L'adolescente hérite vers 15 ans, en 1137, du comté de Poitiers et des duchés d'Aquitaine et de Gascogne.
La même année, à l'instigation de l'abbé Suger, conseiller de la monarchie capétienne, elle épouse l'héritier de la couronne de France, Louis le Jeune (17 ans).

Quelques jours après le mariage, son beau-père Louis VI le Gros décède. La voilà reine !
Aliénor a le privilège d'assister à la consécration de l'abbatiale de Saint-Denis, première révélation de l'art gothique (*).

En 1147, la reine prend part à la deuxième croisade, traversant l'Europe et l'Anatolie à cheval, la Méditerranée en bateau.

On la soupçonne de n'avoir pas été indifférente à quelques seigneurs moins tristes que son royal mari («J'ai cru épouser un homme, non un moine», aurait-elle confiée).  

De retour en France, brouillée avec Louis VII, Aliénor obtient le divorce sous le vague prétexte d'une parenté trop proche (cousinage au 9e degré !). L'Église, en ce domaine, savait se montrer accommodante avec les puissants.

Louis VII se remarie et a la chance d'engendrer le futur Philippe Auguste, ainsi surnommé parce qu'il est né en août (21 août 1165) : il sortira la monarchie capétienne de la médiocrité et lui donnera le premier rôle en Europe.

Sans attendre, Aliénor épouse de son côté Henri Plantagenêt (le nom de famille vient de ce que le grand-père avait coutume de planter une branche de genêt dans son chapeau  !).

Henri est l'héritier de la Normandie et de l'Anjou. Il est aussi, par sa mère, le petit-fils du roi d'Angleterre Henri 1er Beauclerc. Il est devenu son héritier direct par un concours de circonstances extraordinaire.

Henri Plantagenêt est bientôt appelé à la tête du royaume d'Angleterre sous le nom de Henri II.
C'est ainsi qu'Henri et Aliénor se retrouvent en quelques mois souverains de l'Angleterre et de tout l'Ouest de la France, de Calais à Bordeaux. Un véritable «Empire angevin» !

Aliénor contre Henri

Henri II Plantagenêt, beau et fougueux, de dix ans le cadet d'Aliénor, a le front de tromper celle-ci avec plusieurs courtisanes dont la plus célèbre, la Belle Rosamonde (Fair Rosamund) mourut mystérieusement empoisonnée. Son destin légendaire inspira de grands poètes comme Chaucer.

Aliénor, qui a la rancune tenace, se retire à Poitiers où elle entretient un cercle brillant de troubadours et d'artistes, comme Bernard de Ventadour.

Elle soulève ses fils contre leur père. Henri II trouve moyen de se saisir de sa femme, tandis que celle-ci voyage sous un déguisement de page ! La reine est reléguée pendant de longues années dans un couvent à Winchester.

Mais la guerre parricide se poursuit jusqu'à la mort misérable de Henri II, en 1189, abandonné par presque tous et tourmenté par le remords d'avoir commandité l'assassinat de son fidèle ami, le pieux archevêque Thomas Becket.

Libérée par le nouveau roi, Richard Cœur de Lion, Aliénor a encore fort à faire pour sauver la mise de son cher fils tandis qu'il est fait prisonnier en Allemagne, à son retour de croisade. Son frère Jean n'hésite pas en effet à s'associer à Philippe Auguste pour le dépouiller de son pouvoir.

Après ces épreuves, Aliénor peut finir sa vie dans la plénitude de ses fonctions de reine mère. Sa petite-fille, Blanche de Castille, sera la mère dévouée du roi Saint Louis. Elle gouvernera la France de 1226 à 1242.

Libre comme au Moyen Âge

Tout en étant exceptionnelle, la vie d'Aliénor témoigne du comportement très libre des femmes au Moyen Âge, du moins dans les classes supérieures. Elles suivent leur mari à la croisade, étudient, animent des cours etc.

Elles sont néanmoins handicapées dans la conduite de la guerre. Comme Aliénor, elles doivent dans ces occasions se faire épauler par un mari, un fils ou un fidèle vassal.

On peut noter que l'abbaye de Fontevrault réunissait deux communautés d'hommes et une communauté de femmes sous l'autorité... d'une abbesse.

Les femmes perdront leur autonomie à la Renaissance, quand les juristes ressusciteront le droit romain et le statut d'infériorité féminine qui s'y attache. Le Code civil de Napoléon, plus romain que nature, aggravera encore cette situation.